J’ai obtenu mon Master de Recherches en Arts de l’Image et du Vivant, plus simplement Arts Plastiques, à l’université de Paris 1, à la Sorbonne . Cinq années d’études fructueuses, enrichissantes, effrénées entre mémoires et créations. La particularité de ces études sont qu’elles combinent études théoriques: histoire de l’art, art contemporain, philosophie, enseignement, et pratique personnelle.
Mes recherches portent sur la dualité de la perception de nos sens. Entre la richesse de l’image et les sensations tactiles. Dans notre monde rempli d’images : journaux, télé, médias numériques il est essentiel de faire le lien avec la réalité qui nous entoure. Ce passage se fait par le tactile et la terre est un médium qui nous renvoie à ce qui est primordial.
« Formes et matières », installation murale, argile, clous et fils, 2012
Voici un extrait de mon mémoire de M1 sous la direction de Mme Amblard Elisabeth , qui éclaire quelques aspects de mes recherches et de mon travail avec la terre.
« Le choix de travailler avec de l’argile comme médium découle de ces sensations tactiles emmagasinées au fond de moi.
« Quelle meilleure matière pour créer que la terre qu’on retrouve n’importe où? Elle est la matière la plus commune et en même temps la plus riche de poussière du passé. Elle est l’ensemble de la poussière de trois règnes. Elle est la matière qui ne
« Quelle meilleure matière pour créer que la terre qu’on retrouve n’importe où? Elle est la matière la plus commune et en même temps la plus riche de poussière du passé. Elle est l’ensemble de la poussière de trois règnes. Elle est la matière qui ne
se salit pas. Elle est le monde fluide de l’imagination. Elle est la matière qui crée et recrée la vie sous des formes différentes. Elle est le laboratoire de la métamorphose. Elle est le matériel qui rappelle les pas, les gestes des mains qui miment les choses touchées.» 3
Mon travail est une exploration de cet intérieur et extérieur, celui des objets mais aussi en parallèle sur le sens de mes créations artistiques.
Il me fallut d’abord m’interroger sur le travail de la matière, la comprendre afin de mieux l’intégrer dans mes processus de créations. Les qualités et défauts du médium que j’utilise, chercher comment la contraindre ou se conjuguer avec elle. Tout au long de cette année de recherche, je me suis demandée quelle forme élaborer, quelle devait être mes aces de recherches. Au fil des mois, mes différentes tentatives se sont révélées douées d’une vie propre, comme si mon subconscient suppléait à l’obscurité de mon esprit. J’ai pris conscience que je ne devais opposer aucune résistance envers mon libre esprit, me laisser guider par mes sensations et mes souvenirs mais aussi par la matière elle-même, « Il faudrait pouvoir entrer dans le moule avec l’argile, vivre et ressentir leur opération commune pour pouvoir penser la prise de forme elle-même »
Je me suis aperçu que l’argile possédait plusieurs qualités intrinsèques, elle pouvait adopter une forme, en s’insinuant. Mais elle peut aussi nous donner des traces de plusieurs façons, qui sont en s’expriment en termes antinomiques.
L’argile reçoit les empreintes, elle garde en mémoire les gestes effectués, les lignes de nos mains et les nervures digitales des doigts. Mais elle révèle aussi, elle donne autant qu’elle reçoit. Mon travail débuté par le questionnement de la matière passe par plusieurs phases que je développe dans cet écrit.
Le choix de travailler avec l’argile et avec ses mains est un axe directeur qui me mène à questionner ces notions d’empreintes. J’ai réalisé des empreintes en utilisant cette double faculté de prendre et recevoir l’empreinte. Dans ces travaux j’ai eu conscience sue l’’empreinte ne peut exister que parce que quelque chose de matériel existe, un objet, un être vivant végétal ou humain, cette recherché sur la présence des corps animés ou inanimés m’a entraîné sur d’autres pentes vertigineuses. »….
…. »Il m’apparaît que si choisir de travailler avec l’argile est né d’une envie consciente de m’exprimer par les mains, ce choix est aussi guidé par les réminiscences présentes dans ma mémoire. Le contact avec ce médium s’impose par le toucher qui fait écho au fond de notre mémoire inconsciente. « Toucher, comprendre une forme, un objet, c’est comme le couvrir d’empreintes (…) On peut « poser son regard » mais c’est seulement après avoir posé ses mains qu’on pose son regard et le regard perçoit, déchiffre la forme, et la voit avec les empreintes des mains… »8 Giuseppe Penone « Respirer l’ombre »- 1979″….
3 Giuseppe Penone « Respirer l’ombre »-
….. »1- A L’argile
Ces sensations tactiles qui m’étaient indispensables m’ont sûrement amené à utiliser l’argile comme médium d’expression. Des médiums plus classiques que j’utilisais auparavant, tels que la peinture, les crayons graphiques, les pastels ou la photographie, une envie de rompre avec la planéité des images et de travailler en volume est apparue. »…
« Table de travail », installation, argile, moules, outils de modelage, 2012
« Homme tesson », Installation, argile, 2012